Développer le principe du gagnant-gagnant : la grande tendance mondiale à suivre
2017-06-05QIAOZHENQI
QIAO ZHENQI*
Développer le principe du gagnant-gagnant : la grande tendance mondiale à suivre
QIAO ZHENQI*
Face aux incertitudes de la conjoncture mondiale, la Chine tient à développer le commerce mutuellement béné fi que, notamment avec les États-Unis et l’Europe, plutôt que de se réfugier derrière des barrières protectionnistes.
Le 5 mars dernier, la cinquième session de la XIIeAssemblée populaire nationale (APN) s’est ouverte au Grand Palais du Peuple, à Beijing. Dans son Rapport d’activité du gouvernement, le premier ministre Li Keqiang a dressé le constat suivant : le marasme de l’économie mondiale perdurera ; les courants antimondialistes et protectionnistes risquent de gagner du terrain ; l’incertitude enveloppera les politiques des principales entités économiques mondiales et leurs effets sur le reste du monde ; les facteurs d’instabilité et d’incertitude se multiplieront sensiblement.
Tel est le jugement que le gouvernement chinois porte sur la tendance générale de l’économie internationale, aujourd’hui et dans un futur proche.
Le premier ministre chinois a souligné également que la mondialisation économique était conforme aux intérêts fondamentaux des divers pays du monde. La Chine est déterminée à promouvoir la coopération économique mondiale, en défendant le système commercial multilatéral et en prenant une part active dans les négociations commerciales multilatérales.
Qui est le « cygne noir » ?
Au cours de leurs discussions sur le commerce extérieur, les représentants présents aux « deux sessions » ont employé fréquemment l’expression « cygne noir ». Dans cette assertion, un « cygne noir » désigne un certain événement imprévisible, qui, s’il se réalise, peut entraîner des effets considérables. Les députés ont ainsi exprimé leurs inquiétudes envers les conséquences qu’entraîneront l’antimondialisation et le protectionnisme. En effet, en ce début 2017, la situation politique est actuellement en pleine mutation, notamment avec le Brexit, les prochaines élections présidentielles dans les principaux pays européens, l’entrée en fonction du nouveau chef d’État américain et le scrutin présidentiel en Corée du Sud. Ces événements majeurs pourraient accroître les fl uctuations dans l’orientation politique actuelle et aggraver le virage protectionniste opéré à travers le globe.
« Le Brexit, l’ascension des partis d’extrême-droite en Europe, ou encore l’élection du président Trump sont le signe de l’effervescence des idées populistes dans les entités économiques développées et de l’aggravation des pensées antimondialistes dans les politiques économiques mises en œuvre par les grandes puissances. » Ce sont les propos tenus devant la presse par Yin Zhongqing, membre du Comité permanent de l’APN et vice-président de la Commission des affaires fi nancières et économiques de l’APN.
Des paroles attestées par les chiffres. Selon le rapport de l’OMC publié en juin 2016, entre octobre 2015 et mai 2016, les entités économiques du G20 ont mis en application 145 mesures commerciales restrictives, soit une moyenne de 20 par mois. Il s’agit d’un nombre record depuis 2009, année où l’OMC a commencé le suivi de ce type de mesures dans le monde.
De toute évidence, face à la faiblesse de la croissance économique, certains pays cherchent à se tailler une place sur le marché international en dressant des barrières commerciales et en invoquant des procédures antidumping. La Chine est la première victime de cette vague d’antimondialisation. Selon les données publiées par le ministère chinois du Commerce, en 2016, la Chine a fait l’objet de 119 enquêtes en recours commercial, pour des affaires totalisant une valeur de 14,34 milliards de dollars, des statistiques en hausse respectivement de 36,8 % et 76 %.
« Les politiques et les mesures protectionnistes, apparentes ou dissimulées, nuisent à la concurrenceloyale sur le marché international », a déclaré Zong Qinghou, député à l’APN et PDG du groupe Wahaha. En réaction, la Chine devrait, selon lui, exploiter pleinement les règles du commerce international et formuler des contre-mesures en faveur de l’import-export, conformément aux principes d’égalité et d’avantage réciproque, a fi n de sauvegarder ses droits et intérêts légitimes et de rechercher la réalisation d’un développement commun.
La Chine est déterminée à promouvoir la coopération économique mondiale, en défendant le système commercial multilatéral et en prenant une part active dans les négociations commerciales multilatérales.
Pour l’élargissement des échanges sino-américains
2017 marque le 38eanniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et les États-Unis. Depuis 1979, leurs relations économiques et commerciales ont connu un développement considérable, dont les deux pays et les deux peuples ont pu retirer un réel béné fi ce.
Pour ce qui est du commerce des marchandises, les exportations américaines vers la Chine ont augmenté rapidement, enregistrant un rythme de croissance annuelle de l’ordre de 11 % ces dix dernières années. C’est en Chine que les exportations américaines ont crû le plus rapidement, exception faite des marchés de l’Amérique du Nord. Du point de vue du commerce des services, de 2001 à 2016, les exportations américaines vers la Chine ont été multipliées par 16, et l’excédent commercial, par 30. Selon les statistiques de US-China Business Council, les échanges entre les deux pays génèrent 2,6 millions d’emplois aux États-Unis ainsi que d’autres avantages notables aux Américains.
Les États-Unis ont aussi tiré un gros pro fi t de la dynamique des investissements mutuels sino-américains. Fin 2016, les investissements directs non fi nanciers des entreprises chinoises ont approché la barre des 50 milliards de dollars aux États-Unis (le calcul étant réalisé sur 44 États) et créé 100 000 postes. Les investissements américains en Chine ont eux aussi été la source de gains considérables pour les entreprises américaines. Selon le Rapport d’enquête sur l’environnement commercial en Chine, publié en octobre 2016 par US-China Business Council, 90 % des entreprises américaines opérant en Chine sont rentables.
La 27eédition de la Commission conjointe sino-américaine sur le commerce s’est ouverte le 13 novembre dernier à Washington, en présence du vice-premier ministre chinois Wang Yang et de la secrétaire au Commerce des États-Unis Penny Pritzker.
La Commission européenne a rendu son verdict dans l’enquête antidumping sur la tôle d’acier d’épaisseur moyenne en provenance de Chine, le 28 février. La photo présente l’entreprise d’acier spécial de Dalian, dans le Nord-Est de la Chine.
Pourtant, l’administration américaine fait fi des principes d’avantage réciproque et de gagnant-gagnant dans le commerce sino-américain et n’hésite pas à mettre en exergue les excédents commerciaux de la Chine, au mépris de la structure des exportations chinoises vers les États-Unis et des besoins chinois en marchandises importées. La porte-parole de la cinquième session de la XIIeAPN, Mme Fu Ying, a fait savoir que la Chine souhaite accroître ses échanges avec les États-Unis pour combler le dé fi cit commercial sino-américain.
La raison pour laquelle Mme Fu a lancé cette remarque est la suivante : les États-Unis exportent vers la Chine une gamme de produits relativement limitée, parce qu’ils considèrent la Chine comme un pays concurrent et refusent de lui exporter des produits hautement avancés.
« Nous avons plaisanté en disant que les Chinois ne pourraient pas se contenter de manger des graines de soja, assis dans un avion Boeing. Les États-Unis doivent nous vendre d’autres produits et des technologies », a con fi é M. Yin Zhongqing.
Pour une coopération sino-européenne tous azimuts
Le 28 février, la Commission européenne a rendu son verdict dans l’enquête antidumping sur certains produits en acier d’origine chinoise, et a décidé d’appliquer des droits antidumping pour une durée de cinq ans, au taux de 65,1-73,7 %. Dans le même temps, l’UE applique des mesures protectionnistes sur 41 produits sidérurgiques, dont 18 sont d’origine chinoise. Par ailleurs, dans l’exécution de ces enquêtes à l’encontre des produits d’origine chinoise, la Commission européenne continue à utiliser la méthode dite du « pays de substitution », une pratique qui porte un grave préjudice aux intérêts légitimes des entreprises chinoises.
La Chine a adhéré à l’OMC en 2001. Dans l’article 15 du Protocole d’accession de la Chine à l’OMC, il est dé fi ni que, dans le cadre d’une enquête antidumping mettant en cause des produits exportés par la Chine, la « valeur normale » et la « marge de dumping » des produits chinois ne sont pas déterminées sur la base des prix ou des coûts intérieurs, mais sont évaluées selon l’approche dite du « pays de substitution », c’est-à-dire que le calcul s’effectue conformément aux données des produits issus de pays ayant des conditions de production identiques ou similaires. Mais il est stipulé explicitement que cette clause est valable pour une période de 15 ans et devrait donc expirer en décembre 2016. Bien que la Chine ait tenu les promesses qu’elle a faites à son entrée dans l’OMC, elle n’a pas été traitée de bonne foi en retour. Pour l’heure, le statut d’économie de marché de la Chine n’est pas encore reconnu.
Selon le ministère chinois du Commerce, les dif ficultés que rencontre l’industrie sidérurgique sont dues à la lente reprise économique dans le monde et au fl échissement de la demande. L’UE a tort d’attribuer ces dif fi cultés aux exportations chinoises. Le recours au protectionnisme commercial ne l’aidera pas à résoudre le problème de développement qui touche le secteur de l’acier.
« Certains pays, au lieu de regarder leurs problèmes en face, se servent de la mondialisation comme bouc-émissaire. Cette façon d’agir simpliste, dérivée de l’antimondialisation, mettra à mal le commerce mondial, car la mondialisation a pour trait important le commerce. » Telles sont les déclarations de Kong Xiaoyan, député à l’APN et directrice du Centre de transactions des droits de propriété de Tianjin.
M. Chi Fulin, membre du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPCC) et président de l’Institut pour la réforme et le développement de Chine (Hainan) estime que la situation paraît fort complexe en Europe, à l’heure où plusieurs pays sont en passe d’élire un nouveau président. Dans ce contexte, la Chine doit accélérer sa coopération avec l’UE dans tous les domaines, notamment pour les négociations sur l’accord d’investissement Chine-UE, la coopération sur les Nouvelles Routes de la Soie et l’étude de faisabilité sur une prochaine zone de libreéchange. « Dans ces aspects, la demande de l’UE est forte et la Chine lui accorde une grande importance. Une plus vaste coopération entre la Chine et l’UE pourrait servir d’exemple et faire progresser la gouvernance mondiale. » Tout comme l’a indiqué le président Xi Jinping, « faire appel au protectionnisme revient à s’enfermer dans une pièce sombre. On aurait peut-être le sentiment de s’abriter de la pluie et du vent, mais en réalité, on se priverait surtout des rayons du soleil et de l’air frais. Toute guerre commerciale se solde par une défaite des deux camps. »
*QIAO ZHENQI est journaliste pour China Pictorial.
(Article paru le 11 mars sur le site Internet de ce périodique)
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