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Yangzhouet le Grand Canal

2017-03-16LIUSHIZHAO

今日中国·法文版 2017年3期

LIU SHIZHAO*

Yangzhouet le Grand Canal

LIU SHIZHAO*

Immersion dans la beauté de Yangzhou, ville célèbre pour ses canaux, ses monts et son savoir-faire d’antan…

Le trajet du Grand Canal

D’après un verset populaire du poète Li Bai sous la dynastie des Tang (618-907), Yangzhou révèle toute l’étendue de sa beauté le troisième mois du calendrier lunaire chinois. Pile la saison où je suis arrivé dans la ville !

En ce lieu coule la rivière Hangou, considérée comme le plus ancien canal du monde. Yangzhou est d’ailleurs la seule ville de canaux en Chine qui soit aussi ancienne que le Grand Canal.

L’ancien canal de Yangzhou

Lorsque l’on évoque Yangzhou, il est impossible de faire l’impasse sur le maître d’œuvre du Grand Canal, l’empereur Yangdi des Sui.

Yang Guang (569-618), de son vrai nom, était le deuxième fils de l’empereur Wendi des Sui et le deuxième empereur de la dynastie des Sui (581-618). Toute sa vie fut étroitement liée à Yangzhou. En 590, Yang Guang fut transféré au poste de gouverneur de Yangzhou et assuma cette fonction pendant neuf ans. Ce n’est qu’en 600, au moment où il fut désigné comme prince héritier, qu’il retourna dans la capitale. Dès l’année de son accession au trône, il commença à aménager la rivière Hangou. En six ans, il fit creuser le Grand Canal traversant cinq cours d’eau, à savoir la rivière Haihe, le fleuve Jaune, la rivière Huaihe, le fleuve Yangtsé et la rivière Qiantang.

Dans le cadre de la mise en service du Grand Canal, l’empereur vint par trois fois à Yangzhou et y séjourna au total bien plus longtemps que dans la capitale. Selon la légende, il venait à Yangzhou dans le but d’admirer une variété de viorne, arbrisseau à fleurs blanches surnommé « boules de neige de Chine » de par sa floraison. Finalement, cet empereur perdit la vie à Yangzhou dans une rébellion lancée par ses mandarins et fut enterré en cette terre.

Lorsqu’une demande d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Humanité a été déposée auprès de l’UNESCO pour le Grand Canal, Yangzhou, en tant que ville clé, a soutenu avec force cette candidature, jusqu’à gain de cause. Le Grand Canal traverse Yangzhou sur plus de 150 km, longe dix sites historiques et emprunte six cours d’eau. L’ancien canal de Yangzhou et l’ancien cours de la rivière Hangou, au plein cœur de la ville aujourd’hui, ne servent pas au transport des marchandises, mais il n’est pas rare d’y voir naviguer des bateaux de plaisance.

Un bateau de pêche à la crevette sur le Grand Canal à Yangzhou (photo prise en 1982)

Le quai Yumatou sur le Grand Canal de Yangzhou (photo prise en 1982)

Un effet « boules de neige » dans le pavillon Huayan

Pour ce voyage, Yangzhou m’a accueilli sous la bruine. Je suis d’abord allé au bord du lac Shouxi (lac mince de l’ouest). Rien n’a changé : le panorama est le même qu’il y a 34 ans, lors de ma précédente visite.

Cette ville vieille de 2 500 ans conserve précieusement son héritage historique. Sur mon ordinateur est enregistrée une photo que j’ai prise en 1982, sur laquelle un père et sa fille sont en train de faire de la gravure sur des planches de bois dans l’imprimerie Guangling. Cependant, je n’ai pas eu l’occasion de les revoir au cours de ce séjour. J’ai entendu dire que la fille avait changé de métier après le décès de son père. Heureusement, l’artisanat traditionnel se transmet ici d’une autre façon. Dans le Musée de Yangzhou, toutes sortes de techniques d’antan sont exposées de manière vivante. En outre, certains maîtres artisans ont ouvert leur propre atelier, dans lequel ils créent des œuvres tout en enseignant aux élèves ce savoir-faire traditionnel.

J’ai pénétré dans l’atelier de Zhang Laixi, maître artisan de laques et à ce titre, héritier de ce patrimoine culturel immatériel chinois. Le jour de ma venue, Zhang Laixi était en train de donner corps à un paravent en laque. Il m’explique que, pour créer cet objet, quelques centaines de kilos de laque sont nécessaires, car il faut passer des dizaines et des dizaines de couches. Une fois la laque sèche, elle sert de support à la sculpture. Ainsi, la fabrication demande près d’un an au total. Les laques fabriqués à la machine ou vernis de résine d’imitation sont loin d’être comparables à ceux faits main. Ces derniers sont ancrés dans le patrimoine culturel immatériel de la Chine et sont tout bonnement irremplaçables.

Par la suite, je me suis promené près du pavillon Huayan, à proximité du quai Yumatou (port impérial). Dans la cour, des fleurs blanches comme je n’en avais jamais vues auparavant étaient épanouies sur les arbres : très élégantes sur leur tapis de feuilles vertes, elles formaient des ombelles composées de huit grosses fleurs dessinant le contour et de fleurettes au centre. J’ai appris qu’il s’agissait justement de cette variété de viorne (Viburnum macrocephalum) que l’empereur Yangdi des Sui était venu contempler à trois reprises à Yangzhou.

Zhenjiang, à la confluence du Grand Canal et du Yangtsé

En partant de Yangzhou, j’aurais voulu franchir à vélo le grand pont enjambant le Yangtsé pour atteindre Zhenjiang. Mais, malheureusement pour moi, cette voie est réservée aux véhicules motorisés. J’ai donc dû prendre le ferry pour traverser le fleuve.

Zhenjiang se situe à la confluence du Grand Canal et du Yangtsé. L’ancien canal s’écoule sur 16,69 km du sud-est au nord-ouest de la ville, de la vanne Jingkou jusqu’à la rivière Sancha. Il est le symbole de la richesse et de la civilisation de Zhenjiang, mais aussi le témoin de l’histoire de cette ville.

Zhenjiang est également connu pour ses trois monts : le mont Jiaoshan, qui renferme des inscriptions considérées comme les premières calligraphies gravées dans la pierre ; le mont Jinshan, lieu évoqué dans la légende du Serpent blanc ; le mont Beigu, où s’élève le temple Ganlu dans lequel fut célébré, à l’époque des Trois Royaumes (220-280), le mariage unissant Liu Bei, premier monarque du royaume de Shu, à Sun Shangxiang, petite sœur du monarque du royaume de Wu.

J’ai décidé de grimper le mont Beigu pour découvrir, au sommet, la salle principale du temple Ganlu. Sous la Révolution culturelle (1966-1976), la statue de Bouddha qui s’y trouvait a été détruite. Après quoi, cet endroit est devenu un lieu de loisirs, en particulier pour les retraités amateurs de l’opéra de Pékin. Quand j’étais venu ici environ 30 ans plus tôt, j’avais vu une soixantaine de personnes âgées assises autour de douze tables, en train de boire du thé tout en regardant le spectacle. Certains chantaient tout en s’accompagnant avec des instruments de musique. L’ambiance était bon enfant. Moi-même féru de l’opéra de Pékin, j’avais poussé la chansonnette aux côtés de ces retraités, au grand plaisir de chacun.

Puis, je suis monté jusqu’au pavillon Duojing, situé derrière le temple Ganlu. C’est ici le point culminant du mont, qui offre le plus beau panorama sur la ville. De là-haut, il y a plus de 30 ans, on avait vue sur le poste de transport de bois. C’est à partir de cet endroit que les arbres abattus étaient acheminés via le Yangtsé pour approvisionner en bois les autres régions du pays. Depuis 1998, l’abattage est interdit dans les forêts naturelles en Chine, dans le but de préserver leur écosystème. Le poste a donc disparu depuis cette date. Au loin, on peut distinguer le parc qui longele Yangtsé, devenu un lieu de détente prisé des habitants.

Au bord du Yangtsé se trouve la rue Xijindu, dont l’existence remonte à la période des Six Dynasties (222-589). Y subsistent des sites historiques datant des dynasties des Tang, des Song, des Yuan, des Ming et des Qing. Autrefois, cette zone était un quai sur le Yangtsé. Mais au fil de l’accumulation des sédiments, le lit du fleuve s’est déplacé à 300 m plus loin.

J’ai continué mon chemin jusqu’au pied du mont de Xijindu. Les habitations d’antan ont été remplacées par des boutiques, des cafés et des restaurants. Désormais, les touristes affluent ici. La rue est plus animée encore que le mont Beigu ! Je monte les marches en pierre pour arriver dans la rue, qui a bien changé depuis ma dernière visite. Des deux côtés, bon nombre de vieilles bâtisses sont en cours de restauration. De même, certains monuments, autrefois dissimulés parmi les vieilles architectures, ont été rénovés de façon à révéler leur visage d’origine. Rien que pour ce patrimoine, Zhenjiang vaut bien le détour !

Un père et sa fille réalisant des gravures sur des planches de bois dans l’imprimerie Guangling de Yangzhou (photo prise en 1982)

Zhang Laixi, maître artisan de laques et héritier du patrimoine culturel immatériel chinois (photo prise en 2016)

*LIU SHIZHAO est un ancien photographe dePeople’s China.

La rue Xijindu dans la ville de Zhenjiang (photo prise en 2016)