Des pommeraies qui font fructifier l’amitié sino-kazakhe
2017-03-16ZHOULINmembredeladaction
ZHOU LIN, membre de la rédaction
Des pommeraies qui font fructifier l’amitié sino-kazakhe
ZHOU LIN, membre de la rédaction
«Le verger de pommiers à haute densité du district de Qianyang est l’une des dix pommeraies symbolisant l’amitié sino-kazakhe qui ont été aménagées dans la province du Shaanxi, nous confie Hu Lingyun, alors qu’il pulvérise des pesticides sur les arbres fruitiers y poussant. Grâce à un haut degré de mécanisation, avec une douzaine de travailleurs, nous sommes à même de gérer une soixantaine d’hectares. »
Diplômé de master en horticulture, Hu Lingyun, 27 ans, est un employé de la société de haute technologie Shaanxi Haisheng Fresh Fruit Juice. Cette société possède un parc pilote à Qianyang, qui emploie 31 diplômés universitaires, dont 17 titulaires d’un master. Au quotidien, le personnel gère 433 ha de vergers de pommiers nains, 133 ha de pépinières, la chaîne de triage des pommes ainsi que les entrepôts frigorifiques.
Jadis, le commerce et les échanges agricoles occupaient une place importante dans les activités commerciales et économiques opérées sur l’ancienne Route de la Soie. Aujourd’hui, les initiatives de coopération agricole entreprises par la Chine avec d’autres pays, telle que la création de ces pommeraies témoignant de l’amitié sino-kazakhe, donnent un nouveau souffle à l’agriculture ayant traditionnellement cours le long de cette route.
Pommes d’amitié
Lors de la visite de Xi Jinping au Kazakhstan en septembre 2013, le président chinois et son homologue kazakh Noursoultan Nazarbaïev ont tous deux évoqué la production de pommes en abondance dans leur région natale. Au cours du Forum économique Europe-Asie tenu au Shaanxi quelque temps plus tard, Sergey Tereshchenko, ancien premier ministre kazakh et président de la Fondation pour l’intégration internationale du Kazakhstan, a proposé à Lou Qinjian, alors gouverneur de la province, d’installer des pommeraies dans le Shaanxi et l’oblys d’Almaty (l’oblys est une unité administrative kazakhe équivalant à une province), lieux de naissance respectifs des deux présidents, pour incarner l’amitié sino-kazakhe.
En octobre 2016, le premier Symposium international sur la pomme s’est tenu au Shaanxi. À cette occasion, la société Shaanxi Haisheng Fresh Fruit Juice, l’entreprise CITIC Group et la Fondation pour l’intégration internationale du Kazakhstan ont signé un mémorandum d’entente. En vertu de cet accord, ils ont convenu de co-aménager, dans l’oblys d’Almaty en 2017, un verger pilote de 67 ha composé de pommiers nains à haute densité, doté d’un système intégré d’irrigation et de fertilisation.
Située dans le raion de Kaskelen (le raion est une subdivision administrative de l’oblys), région natale du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, la pommeraie de l’amitié sino-kazakhe dispose d’une chaîne industrielle moderne, qui va de la plantation des pommiers et de la culture en pépinière, au triage et au stockage des pommes en entrepôts frigorifiques.
Le parc pilote des pommes de la société Haisheng dans le district de Qianyang
Le Kazakhstan a vu dans cette coopération avec la province du Shaanxi les avantages industriels et la technologie pour la culture des pommiers qu’il pouvait en retirer. Au Shaanxi, la région située au nord de la rivière Weihe est mondialement reconnue comme la meilleure base de production de pommes, s’étalant sur une surface cultivée de 670 000 ha. Une pomme sur sept vendues dans le monde serait cultivée au Shaanxi ! Depuisla mise en œuvre de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie, le Shaanxi s’efforce de renforcer ses échanges et sa coopération en matière d’agriculture moderne avec les pays se trouvant le long de ces routes. Selon les statistiques du Bureau d’inspection et de quarantaine d’entrée et de sortie du Shaanxi, entre janvier et novembre 2016 inclus, la province a exporté 287 200 tonnes de fruits vers 64 pays et régions, pour une valeur totale de 283 millions de dollars.
Les premiers fruits de la coopération
À vrai dire, le Shaanxi est la première province de Chine en termes de production fruitière. Au-delà des pommes qu’elle cultive en abondance, elle est aussi à l’origine d’un tiers des kiwis distribués dans le monde. Le Shaanxi est également l’une des quatre régions les plus productrices de konjac en Chine. Par ailleurs, il se classe au 4erang national au regard de sa production de jujubes et exporte traditionnellement des haricots mungo, du sarrasin et d’autres céréales secondaires. Ainsi, riche de son expérience en production agricole et de ses techniques avancées, la province dispose de nombreux atouts qui lui permettent de se tailler une place dans la coopération internationale.
Depuis 2015, s’appuyant sur la zone de démonstration agricole haute technologie de Yangling, la province du Shaanxi a renforcé ses échanges scientifiques et technologiques agricoles ainsi que sa coopération avec les pays bordant les Nouvelles Routes de la Soie. Elle a convenu d’un jumelage avec le raion de Moskva de l’oblys de Tchouï (l’oblys est l’équivalent d’une province) au Kirghizistan, et y a établi la première base pilote pour la coopération internationale en matière d’agriculture moderne orientée vers l’Asie centrale. Elle a également signé un contrat avec la Fondation pour l’intégration internationale du Kazakhstan, dont l’objet est la construction conjointe d’un parc pilote Chine-Kazakhstan d’agriculture moderne.
« Le Kazakhstan a besoin de variétés à rendement élevé qui soient résistantes à la sécheresse, ainsi que de technologies économes en eau et en énergie. La coopération avec les universités et les centres de recherche chinois spécialisés dans l’enseignement et les sciences agricoles donnera un nouveau dynamisme à l’agriculture kazakhe », a souligné Akhylbek Kurishbayev, président de l’Université agrotechnique kazakhe de S. Seifullin.
D’après He Cheng, directeur du Bureau de représentation à Xi’an de la Fondation pour l’intégration internationale du Kazakhstan, le parc pilote Chine-Kazakhstan d’agriculture moderne, un an après sa construction, a déjà commencé à donner des fruits. La production du blé d’hiver n°5, résistant à la rouille et à la sécheresse, cultivé à titre d’essai, a atteint un rendement moyen de 319 kg parmu(environ 0,07 ha), soit 82,28 % de plus que les variétés locales. Au vu de sa qualité, ce blé d’hiver n°5 devrait rapidement se généraliser au Kazakhstan.
Le parc s’étendant sur 200 ha est composé de multiples bases, qui se concentrent principalement sur l’introduction, l’essai, la diffusion et la gestion des nouvelles variétés, des techniques d’irrigation économes en eau, des installations agricoles, des arbres fruitiers à fort potentiel économique, des pépinières, ainsi que du matériel et des machines agricoles.
Des semences et des techniques chinoises qui s’exportent
Le Kirghize Sardarbek Mairykov travaille à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. En 2015, il est venu en Chine pour participer à une formation d’aide aux pays étrangers, organisée par le ministère chinois du Commerce. Dans le cadre de ce programme, il a visité une serre maraîchère dans une province de l’arrière-pays chinois et ne voulait plus en sortir, expliquant : « Là d’où je viens, une région au climat aride et sans accès à la mer, il est difficile de planter des légumes verts feuillus. J’aimerais sincèrement rapporter ces semences et ces techniques de pointe dans mon pays, pour que tout le monde puisse manger des légumes verts chaque jour ! »
Les pays riverains des Nouvelles Routes de la Soie, pour la plupart en voie de développement, cherchent ardemment à améliorer leurs installations hydrauliques, à élever le niveau de leurs technologies et à optimiser leur capacité globale de production dans le secteur agricole. Civilisation agricole de longue date, la Chine a acquis au fil des siècles des techniques avancées pour la culture et l’élevage qui sont adaptées aux diverses conditions climatiques, même en régions arides et semi-arides. C’est pourquoi dans ces pays, il existe une forte demande pour les techniques et produits chinois, tels que les machines agricoles, la culture en serre, de même que l’inspection et la quarantaine des espèces animales et végétales. De ce besoin jailliront certainement de nombreuses opportunités d’échanges agricoles entre la Chine et ces pays.
Depuis trois ans, la zone de démonstration agricole haute technologie de Yangling a organisé plus de 130 activités en faveur de la coopération et des échanges internationaux, accueillant un total de 1 500 visiteurs sur les quelque 150 délégations venues dans le cadre d’une visite ou d’études. Parmi ces délégations, une quarantaine rassemblait des dignitaires de niveau ministériel ou supérieur, dont l’ancien président birman Thein Sein et le vice-premier ministre kazakh Bakytjan Saguintaïev ; une cinquantaine était des délégations d’études composées de représentants d’entreprises agricoles de renommée mondiale ; une soixantaine était des délégations d’études sur la coopération technologique internationale.
Dans le même temps, la zone de démonstration agricole haute technologie de Yangling fait office de centre de formation aux cultures sèches à l’intention des pays en développement. Ces dernières années, plus de 890 personnes originaires de 88 pays ont participé aux 45 programmes de formation, qui portaient notamment sur les réglementations relatives à la production agricole pour la protection environnementale, les techniques agricoles adaptées au climat sec et l’irrigation économe en eau, la gestion économique des exploitations agricoles ou encore la construction d’une ville verte.
La Chine a lancé dans d’autres pays des projets du même genre, à savoir, le parc pilote Chine-Égypte des techniques agricoles, le parc pilote Chine-Fidji d’agriculture moderne et le parc Chine-Bénin de cultures sèches, qui, eux aussi, se développent de manière satisfaisante.