Reconversion réussie

Les gouvernements locaux développent des industries spéciales pour lutter contre la pauvreté par Ge Lijun

Reconversion réussie

Les gouvernements locaux développent des industries spéciales pour lutter contre la pauvreté par Ge Lijun

DANS un petit atelier, une dizaine

d’empioyés portant des masques et des uniformes font de i’embaiiage, avec une grande habiiité. ii est donc surprenant d’apprendre qu’ii y a queiques années leur travail était tout autre : ils étaient éleveurs. Ce changement de profession ieur a permis d’augmenter ieurs revenus et d’ainsi sortir de ia pauvreté. En réaiité, cette reconversion a été forcée par i’entrée en vigueur de la politique visant à réduire le pâturage pour protéger ies prairies de i’ouest de ia Chine en 2003. Dans ie district de Chindu, dans ia préfecture autonome tibétaine de Yushu de ia province du Qinghai, les éleveurs quittent progressivement la prairie pour s’instaiier dans ie centre du district. Jamyong est parmi ces éieveurs. Sans autre expérience que celle des troupeaux, il peine à trouver du travaii. C’est aiors que ie département de iutte contre ia pauvreté essaie de i’aider dans sa recherche d’empioi.

« Auparavant, dans mon village, nous étions tous éleveurs, mais progressivement, les prairies devenaient plus petites et nous avions moins de moutons et de yaks. Maintenant, je travaiiie dans ia société Bayanhar comme embaiieur de boissons. Cet empioi me permet de recevoir un revenu [mensuel] de 3 000 à 4 000 yuans (450-600 doiiars) », raconte ce Tibétain de 28 ans à CHINAFRIQUE. Fondée en 2004, ia société Bayanhar n’embauche que des empioyés issus des famiiies défavorisées qui viennent s’instaiier dans le centre du district. Au début, cette société n’est qu’une usine de sous-traitance, mais c’est aujourd’hui une grande entreprise de fabrication. On y fabrique principalement une boisson à base de yuangen, une plante qui pousse sur le plateau, et qui selon des études scientifiques a un effet anti-anoxique. Cette piante, très répandue dans ia région, constitue une grande richesse pour les familles pauvres.

L’industrie du yuangen

Chindu est un district agricole et pastoral. Mais ces dernières années, sous ies conseiis du gouvernement local, les villageois commencent à planter du yuangen pour mettre en valeur leurs terres. La production de yuangen est très importante, avec en moyenne pius de 15 tonnes par hectare. Le prix d’achat de ia société Bayanhar étant de 2 yuans (0,15 doiiar) par kiiogramme, ii est bien pius intéressant de pianter du yuangen que de i’orge du Tibet ou des pommes de terre. « Depuis dix ans, le gouvernement nous donne des aides financières. En 2014, nous avons reçu un fonds provincial de lutte contre la pauvreté de 2 miiiions de yuans (299 000 dollars) et un fonds du district de 1,5 miiiion (224 000 doilars). Grâce à ces fonds, nous avons pu reconstruire les usines et remplacer les machines », expiique Li Hongwei, directeur générai de Bayanhar. Après avoir obtenu ces aides, i’entreprise crée une deuxième iigne de production pour de i’eau minéraie.

ii n’est pas faciie pour ies éieveurs de devenir empioyés d’usine. « Beaucoup de techniciens n’ont pas vraiment envie de travailler ici, même s’iis viennent, iis ne veuient pas rester longtemps. Alors, on doit étudier et former les empioyés nous-mêmes », expiique Li Hongwei. « Embaiier des produits est très différent du pâturage. J’ai dû suivre plusieurs formations avant de pouvoir commencer à travaiiier », confie Jamyong. Seion Li, en 2015, i’entreprise a réussi à s’impianter dans la région autonome du Tibet et dans la province du Sichuan, à i’ouest de ia Chine. Leur entreprise vend chaque année pius de 4 miiiions de boissons, et la demandeest de pius en pius grande. Jusqu’à maintenant, ia plantation de yuangen et la production des boissons bénéficient directement à pius de 700 foyers, soit 2 000 personnes.

Jamyong emballe des boissons.

Des employés de l’usine d’emballage en plein travail.

Le yuangen est une richesse pour la région.

Développer les industries selon les spécificités régionales permet d’offrir plus d’opportunités pour réduire la pauvreté.

Gama Gyurme, chef du bureau de réduction de la pauvreté et du développement du district de Chindu

Plus d’opportunités

En 2016, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans ie district de Chindu est d’environ 18 000. ii y a donc toujours beaucoup de progrès à faire pour supprimer ia pauvreté, comme espère ie faire ie gouvernement sur ie pian nationai d’ici 2020. Pour atteindre cet objectif, les gouvernements locaux jouent un rôie très important, s’efforçant de déveiopper des industries pour créer des opportunités pour la popuiation. Ces industries s’adaptent aux spécificités iocaies, aiiant de i’agricuiture et i’éievage, à ia cuiture, ie tourisme ou i’écoiogie. Dans ie même temps, ie gouvernement se concentre sur les infrastructures de base – hydrauiiques, éiectriques, routières, téiécoms –jetant ainsi des bases solides pour le développement de diverses industries.

Les entreprises de produits d’éievage peuvent aussi s’avérer efficaces dans ia iutte contre ia pauvreté. Seion Zhu Qingwen, directeur générai de ia société Produits du piateau yak et de i’éievage, ie gouvernement du district i’a beaucoup aidé. En mai 2008, avec le soutien du district, il reprend une usine de fabrication de viande et achète des yaks pour ensuite vendre ieur viande. Après seuiement six ans, les produits de son entreprise sont disponibles dans les supermarchés de Shanghai, donnant accès aux citadins à une viande iointaine. Pour fournir assez de yaks à i’entreprise, 38 coopératives se forment dans les bourgs du district, afin d’éiever ies yaks efficacement, contribuant à sortir pius de 2 000 foyers de ia pauvreté. « Je suis très satisfaite de ce travaii. Grâce à cet empioi précieux, ma famiiie peut mener une vie heureuse », s’exciame Ngagwen, empioyée dans un des ateiiers. Avec très peu de troupeaux dans son viiiage, ii était auparavant difficiie pour sa famiiie de subsister. Grâce à i’aide du gouvernement, qui iui propose cet empioi, eiie gagne désormais 2 000 yuans (296 dollars) par mois.

En pius de soutenir i’industrie de i’éievage, ie gouvernement encourage aussi le tourisme. Les paysages montagneux de ia région ayant un grand potentiel, le département du tourisme pousse la population à louer ou ouvrir des magasins, des restaurants ou des hôtels, pour attirer des touristes. Par ailleurs, le gouvernement offre des formations aux techniques de piantation ou d’éievage. « Déveiopper ies industries seion ies spécificités régionaies permet d’offrir pius d’opportunités pour réduire ia pauvreté », affirme Gama Gyurme, chef du bureau de réduction de la pauvreté et du développement du district de Chindu. CA

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