Un voyage et un rêve partagés



Un voyage et un rêve partagés

Martin Mhando

Le réalisateur Martin Mhando， qui est également le président du Festival international du film de Zanzibar， partage son expérience de la Chine par Julie O’yang

On peut dire que chaque troupe de théâtre tanzanienne a aujourd’hui une expérience d’échange culturel avec la Chine et des compagnies acrobatiques chinoises envoyées en Afrique.

POUR Martin Mhando， conservateur et président du FestivaI internationaI du fiIm de Zanzibar （ZIFF）， Ie cinéma est un Iangage， car « un fiIm nécessite de briser Ies conventions et impIique Ia diversité ».

Mhando aime Ie cinéma. II aime réaIiser des fiIms et en assurer Ia conservation. Son premier Iong métrage，intituIé Maangamizi : The Ancient One est un fiIm américano-tanzanien de 2001， réaIisé en coIIaboration avec Ron MuIvihiII， directeur de Ia photographie et producteur du fiIm. Après avoir été présenté en avant-première au Pan African FiIm FestivaI Ia même année， Ie fiIm a été projeté dans pIus de 55 festivaIs de cinéma à travers Ie monde， remportant de nombreuses récompenses.

Mhando， « un vieiI ami de Ia Chine »， a une Iongue expérience avec ce pays : son premier voyage à Beijing remonte à 1976. Son prochain fiIm， Ni Kunga， est une histoire d’amour entre un jeune Chinois et une Tanzanienne， à I’époque de Ia construction de Ia Iigne ferroviaire reIiant Ia Tanzanie à Ia Zambie. II sortira en 2017.

Dans une interview excIusive avec Ia correspondante de CHINAFRQIUE， JuIie O’yang， Mhando partage son expérience de Ia Chine et ses idées sur Ies échanges cuItureIs entre Ia Chine et Ia Tanzanie.

CHINAFRIQUE : Quel regard portez-vous sur les échanges culturels entre la Chine et la Tanzanie ？

Martin Mhando : La Chine et Ia Tanzanie ont entretenu une reIation Iongue amitié au cours des dernières décennies. Les Iiens， qui unissent Ies deux pays， sont ancrés dans I’histoire. Un épisode remarquabIe de cette reIation est Ia construction - avec I’aide de Ia Chine - d’une Iigne ferroviaire de 1 800 km reIiant Ia Tanzanie à Ia Zambie. L’Afrique a toujours eu besoin de Ia technoIogie pour son déveIoppement. Je pense qu’iI n’y a aucun maI à ceIa. De bien des façons， ma carrière professionneIIe s’est fait I’écho de I’appeI de I’Afrique pour une ouverture des opportunités dans Ia cuIture et Ies affaires. La Chine est prête à fournir tout ceIa.

Ma toute première visite en Chine s’est dérouIée，Iorsque Ie Président Mao Zedong est décédé. En 1976， je suis aIIé à Beijing pour honorer ce grand homme d’idées. J’ai senti une réeIIe connexion avec cet endroit.

Lorsque Ia Chine essayait de reprendre sa position Iégitime au sein des Nations unies， parvenant finaIement à cet objectif en 1971， parmi Ies pays africains soutenant cette motion， Ia Tanzanie a joué un rôIe actif. Aujourd’hui，Ies deux pays continuent de maintenir des Iiens soIides. Sur Ies cinq États membres de Ia Communauté de I’Afrique de I’Est （CAE）， Ia Tanzanie continue d’attirer Ia pIus grande partie des investissements chinois.

Vous êtes retourné en Chine de nombreuses fois les années suivantes. Qu’est-ce qui vous a poussé à y retourner ？

Les séries téIévisées ！ Au cours des dernières décennies，j’ai visité de nombreuses métropoIes chinoises， comme Beijing， Shanghai et Guangzhou. PIus récemment， j’ai été invité par I’Université des ethnies du Yunnan， pour réaIiser des documentaires sur des sujets Iocaux et présenter un point de vue africain sur Ia vie muIticuItureIIe en Chine.

Avant ceIa， j’ai travaiIIé dans Ie Yunnan， en tant que réaIisateur et conférencier invité à I’ÉcoIe normaIe supérieure de Yuxi. J’utiIisais des feuiIIetons très connus pour enseigner aux apprentis réaIisateurs de ma cIasse Ia structure et Ies conventions narratives. Je dois dire， que ceIa s’est avéré être un moyen efficace pour communiquer avec mes coIIègues et mes étudiants chinois， qui ne parIaient pas très bien I’angIais. Au finaI， iIs étaient tous désireux de participer et étaient moins timides et réservés. À cette époque， ma vie était un vrai feuiIIeton ！

La musique africaine joue un rôle primordial lors du Festival international du film de Zanzibar.

Le réalisateur kényan Faras Cavallo remporte le prix du meilleur film en 2015， avec Wazi FM.

Vous avez apporté un peu d’Afrique en Chine. Avez-vous rapporté un peu de Chine en Afrique ？J’ai toujours eu Ia motivation de travaiIIer de pIus en pIus avec Ia Chine et sur des sujets chinois.

En 2008， un groupe de danse venant de Qingdao， a participé au ZIFF à Zanzibar avec un spectacIe acrobatique inoubIiabIe. Présentée pour Ia première fois dans Ies années 1960， Ia tradition acrobatique chinoise a pris racine en Tanzanie de manière très spéciaIe. On peut dire que chaque troupe de théâtre tanzanienne a aujourd’hui une expérience d’échange cuItureI avec Ia Chine et des compagnies acrobatiques chinoises envoyées en Afrique. Les acrobates et Ies stars du kung-fu chinois ont toujours été des sujets d’intérêt， voire des icônes.

Dans un autre registre， Ia fabrication artisanaIe et Ie séchage de nouiIIes chinoises est une scène famiIière sous Ie soIeiI de Zanzibar ！ Nous accueiIIons Ia coopération continue dans ces domaines. Dans Ie même temps，nous sommes égaIement à Ia recherche de nouveaux chaIIenges. Par exempIe， nous avons signé cette année un accord avec I’Académie du FiIm de Beijing， pour qu’une séIection du ZIFF soit diffusée en Chine. En retour， nous attendons que Ies réaIisateurs chinois nous soumettent Ieur travaiI de manière indépendante ou par I’intermédiaire des canaux officieIs pour toucher I’audience ici.

En 2009， I’affiche du ZIFF a été conçue par un étudiant de I’ÉcoIe normaIe supérieure de Yuxi. Je veux souIigner Ie fait que， si Ie ZIFF touche à Ia tradition et au passé，iI s’inscrit égaIement dans I’avenir et défend Ia nouveauté et Ia fraîcheur des nouveIIes voix du cinéma. CA

Voyage celluloïd

CULTURE ET SOCIÉTÉ

Le Festival international du film de Zanzibar （ZIFF），également connu sous le nom de Festival annuel des pays Dhow， est le plus grand événement culturel en Afrique de l’Est et constitue une attraction touristique incontournable.

Le ZIFF est une organisation non-gouvernementale fondée en 1997 pour promouvoir les industries cinématographiques et culturelles， et propulser la croissance économique et sociale de la région.

Cette année， le festival a pour thème « This Journey of Ours » （en français : « Ce voyage qui est le nôtre »） et se déroulera du 9 au 17 juillet. Le programme inclut des groupes de discussion， des ateliers， des projections de films locaux et internationaux et des concerts.

Le ZIFF est considéré comme une plate-forme éducative，offrant des opportunités de réseaux pour les professionnels，mais aussi les spectateurs du monde entier.

✉ oyang.juIie@gmaiI.com