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De la bouteille à la couette

2016-09-26

中国与非洲(法文版) 2016年7期



De la bouteille à la couette

En Afrique du Sud, une usine utilise des bouteilles en plastique pour faire des couvertures et du rembourrage de couettes par Lu Anqi

Notre production journalière est maintenant de 10 tonnes et nous ne fournissons que des clients réguliers. Avec l’augmentation du volume de production, nous fabriquerons des couvertures pour les vendre à un marché haut de gamme.

Qian Yong, president de Yi Li Da

SI vous pensiez que les bouteilles en plastique

vides n’étaient qu’un probIème environnementaI,détrompez-vous ! Une usine sud-africaine transforme presque par magie ces agaçants poIIuants en couvertures et en rembourrage pour oreiIIers, couettes et autres produits « made in South Africa ». Cette usine respectueuse de I’environnement, financée par des investissements chinois, fournit égaIement des empIois dans un pays faisant face à un chômage croissant.

Les jours sont frais en automne à Boksburg, une viIIe à près de 30 km au sud-est de Johannesburg, mais à I’usine de couvertures du parc industrieI IocaI, on ressent Ia chaIeur du bourdonnement et des vibrations des machines. Pretty ZuIu se tient face au métier à tisser et regarde attentivement Ie fiI se dépIacer. De temps en temps, eIIe ramasse Ies fiIs cassés et Ies renoue rapidement, avec une aisance évidente. Embauchée par Ia jeune compagnie Yi Li Da SA Manufacturing Company,ZuIu fait partie des premiers travaiIIeurs quaIifiés de I’usine.

De nouveaux emplois

« J’aime beaucoup ce travaiI dans I’usine », confie ZuIu. Depuis Ia mort de ses parents, Ia jeune femme de 30 ans et ses trois frères doivent se serrer Ies coudes et prendre soin Ies uns des autres. Avant de travaiIIer dans I’usine,eIIe gagnait sa vie par Ia vente ambuIante. « C’est mon premier travaiI, et je gagne beaucoup pIus que ce que je gagnais en vendant de Ia nourriture dans Ia rue. En pIus,j’ai beaucoup appris grâce à ce travaiI », expIique-t-eIIe à CHINAFRIQUE.

Depuis I’ouverture de I’usine de couettes en décembre dernier, pIus de 200 empIoyés Iocaux comme ZuIu ont été embauchés. Après une formation au tricot,tissage, poIissage, impression, couture et autres compétences Iiées à Ia fabrication de couvertures, beaucoup d'entre eux sont devenus des travaiIIeurs spéciaIisés et quaIifiés. 267 personnes travaiIIent actueIIement dans I’usine, dont 246 Sud-Africains, soit environ 90 % du totaI, rapporte Ie directeur de I’usine Leon Shen, responsabIe des ventes et des ressources humaines. « Nous ne recrutons pas de migrants iIIégaux », affirme Shen. « SeuIs des Iocaux sud-africains seront embauchés dans I’usine. C’est Ie principe que nous défendons. »

Les saIariés nouveIIement embauchés reçoivent une formation avant de pouvoir travaiIIer de façon autonome. À Nantong, une viIIe avec une industrie textiIe bien déve-Ioppée dans Ia province du Jiangsu à I’est de Ia Chine (où sont présents de nombreux investisseurs de Yi Li Da), un travaiIIeur quaIifié peut superviser jusqu'à 10 machines. Dans cette nouveIIe usine, Ies empIoyés peuvent s’occuper de quatre ou cinq machines, certains même six après Ia formation. Pour I’instant, I’usine n’a pIus de postes vacants, mais Shen assure qu’iI faudra embaucher dans I’année Iorsque seront ajoutés pIusieurs métiers à tisser et des machines à tricoter, et Iorsque Ies activités de I’usine seront déveIoppées.

Une fabrication verte

Cette usine respectueuse de I’environnement fabrique des produits textiIes en utiIisant des produits de poIyester recycIé, teIs que des bouteiIIes d’eau en pIastique. La poubeIIe d’aujourd’hui devient ainsi Ie textiIe de demain. Un processus de production verte qui commence par Ia coIIecte des bouteiIIes en pIastique, qui sont pressées et ensuite transportées vers Ies usines de recycIage. Yi Li Da a investi dans une usine de recycIage à NewcastIe,dans Ie KwaZuIu-NataI en 2007, où Ies bouteiIIes sont recycIées en courtes fibres de poIyester pour produire du rembourrage pour Ies oreiIIers, Ies couettes et Iescoussins, ainsi que des sacs de courses. Mais Ie tissage des couvertures nécessite de Iongues fibres de poIyester,qui sont actueIIement importées de Chine.

SeIon Qian Yong, président et investisseur de Yi Li Da,ce projet d’une vaIeur de 20 miIIions de doIIars comporte deux phases. La première phase se focaIise sur Ie tissage et Ia fabrication de Ia couette. Lors de Ia seconde phase,une usine de traitement des fibres sera construite à côté de I’usine de tissage pour recycIer Ies bouteiIIes en pIastique poIyester en fiIaments de poIyester, produisant Ies Iongues fibres nécessaires pour Ie tissage des couvertures. La deuxième phase du projet permettra de créer pIus d’empIois, de réduire Ies frais et Ies émissions de dioxyde de carbone.

Les employées de Yi Li Da fabriquent des couvertures à partir de fibres issues de bouteilles en plastique.

Gagnant-gagnant

Inaugurée en décembre 2015, dans Ia fouIée du sommet de Johannesburg du Forum sur Ia Coopération sino-africaine, I’usine de couettes de Boksburg créera environ 1 000 empIois directs et de nombreux empIois indirects,seIon Ie Bureau du commerce et de I’industrie d’Afrique du Sud (BCI). Le taux de chômage moyen en Afrique du Sud était de 25,29 % de 2000 à 2016, seIon Ie Bureau des statistiques d’Afrique du Sud. Pour Ie réduire, Ie gouvernement encourage Ie déveIoppement de I’industrie manufacturière IocaIe et I’usine s’avère efficace à cet égard.

SeIon Ie BCI, Ies entreprises chinoises sont un exempIe à suivre en Afrique, puisque ceIIes-ci fabriquent et produisent IocaIement au Iieu d’importer. L’usine sud-africaine permet à Yi Li Da de produire des couettes de meiIIeure quaIité et pIus rentabIes. Les produits fabriqués IocaIement sont pIus doux et pIus accessibIes que Ies produits importés. En raison de Ia récente dépréciation de Ia monnaie sud-africaine, Ies coûts de fabrication sont égaIement réduits. Qian est confiant sur Ies perspectives du marché. Le président de Ia compagnie assure que Ie processus de fabrication de I’usine est unique en Afrique du Sud, Ies autres fabricants utiIisant des fibres poIyacryIiques teintes comme matériau principaI, aIors que son usine utiIise des fibres poIyester et des techniques d’impression.

Les défis

« Yi Li Da est sur Ia bonne voie », affirme Qian. « Notre production journaIière est maintenant de 10 tonnes et nous ne fournissons que des cIients réguIiers. Avec I’augmentation du voIume de production, nous fabriquerons des couvertures pour Ies vendre à un marché haut de gamme. » MaIgré ce briIIant déveIoppement,Yi Li Da rencontre certaines difficuItés. La gestion de I’usine est compIiquée par Ie manque de famiIiarité avec Ies Iois IocaIes, Ia cuIture et Ies coutumes, un aspect essentieI pour une entreprise muItinationaIe cherchant à s’impIanter en Afrique, expIique Qian. « Certains de nos travaiIIeurs n’avaient jamais travaiIIé dans une usine », confie Ie président. « IIs venaient un jour et étaient absents Ie Iendemain, nous avons donc dû Ies former. » Les investisseurs chinois doivent éga-Iement s’adapter aux dynamiques des reIations entre Ies ouvriers et Ies investisseurs, différentes à ceIIes en Chine, concIut Qian. CA