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À l’image de l’homme

2016-09-12

中国与非洲(法文版) 2016年1期



À l’image de l’homme

Après avoir construit des robots pour compenser le manque de main-d’œuvre, on songe maintenant à construire des machines capables de penser par Tang Yuankai

Une visiteuse sert la main d’un robot lors de la Conférence mondiale sur les robots à Beijing le 24 novembre2015

L’importance de la chine dans l’industrie

de la robotique mondiale augmente avec le nombre d’entreprises qui développent des robots de service et d’industrie. Certains magnats de la construction ont même commencé à investir dans ce secteur à croissance rapide.

Pour compenser le manque de travail et la hausse des salaires, China Vanke, le plus grand développeur immobilier de Chine par son chiffre de ventes, travaille avec des centres de recherche à développer des robots qui pourront tout faire – de balayer le plancher à garder une résidence.

Comme le secteur immobilier chinois est aux prises avec la baisse des ventes et des profits réduits, Vanke, entre autres, vise les services de conciergerie pour attirer les acheteurs. L’entreprise a dit qu’on pourrait bientôt voir des robots fournir ces services aux clients.

« Nous estimons qu’avec la croissance actuelle et les changements dans la fourniture de travail manuel, au moins 30 % de nos emplois seront occupés par des robots », a dit Wang Shi, le président de Vanke.

Déjà huit robots « chefs » travaillent dans des restaurants qui desservent Vanke. On prévoit ouvrir un hôtel entièrement administré par des robots à Shenzhen, dans la province du Guangdong, d’ici 2017.

Le progrès de la Chine dans la technologie de robotique est au sommet du monde. Elle représentait le quart des ventes mondiales en robotique, selon China Robot Industry Alliance en 2014.

Liu Jinchang, chercheur au Centre de développement des hautes technologies, relevant du ministère des Sciences et de la Technologie, attribue cette vague de prospérité aux mesures gouvernementales et à l’investissement de diverses sources.

Anthony Neal-Graves, vice-président du groupe « Internet of Things » de Intel Corp., prévoit que le marché mondial des robots connaitra une hausse de 20 % par année. La région Asie-Pacifique devrait connaitre unecroissance de 25 % par année. La croissance viendra surtout de la Chine, dit Anthony Neal-Graves.

Chaîne de robots soudeurs de la société Durable New–Energy Auto de Weihai, province du Shandong

De l’usine à la maison

Il y a seize ans, le premier robot industriel de Chine entrait en service dans une usine de Foshan, au Guangdong, vaporisant la glaçure sur des accessoires de céramique pour salle de bain. Depuis, les applications de robotique se sont étendues, de la fabrication de précision de pièces d’automobile ou électroniques, aux industries à haut besoin de main-d’œuvre comme les industries textiles et pétrochimiques. Et le nombre ne cesse d’augmenter.

« Les robots seront employés dans un nombre toujours croissant de secteurs comme les électroménagers, le transport ferroviaire et la construction navale, car plusieurs secteurs traditionnels désirent inclure la nouvelle technologie dans leur production », a dit Li Shuchong, président de CCID Consulting Co, à Beijing.

Selon la Fédération internationale de robotique (FIR), 56 000 robots industriels se sont vendus en Chine en 2014, une hausse de 54 % sur 2013. La Chine a produit 12 050 de ces robots, soit 26,2 % de plus que l’année précédente. La valeur mondiale des ventes de robots a dépassé 9,5 milliards de dollars, selon la FIR.

Si l’on ajoute les logiciels, l’équipement auxiliaire et les systèmes d’application, le total des ventes dépasse 29 milliards de dollars. À mesure que les usines d’automobile et d’électronique s’automatisent, la FIR prévoit que la Chine emploiera le plus grand nombre de robots en 2017.

Les institutions nationales de Chine et les équipes de recherche se concentrent sur l’intelligence artificielle (IA). Plusieurs géants de l’internet, comme Baidu inc, développeur du moteur de recherche Baidu, et le site de e-commerce JD.com, développent leur propre technologie IA.

Le fabricant d’électroménagers Midea, du Guangdong, a commencé à utiliser les robots en 2011 pour transporter des compresseurs, emballer des conditionneurs d’air et passer des tests de performance. Foxconn Technology Group de Taiwan, le plus grand contracteur du monde de produits électroniques, a développé ses applications de robotique industrielles et sa R&D ces dernières années. L’entreprise prévoit automatiser 30 % de ses lignes de production dans ses usines sur la partie continentale de la Chine d’ici 2020 et vendre son robot Foxbot à d’autres usines.

Si Midea et Foxconn utilisent et développent surtout ce qu’on appelle des robots industriels intelligents, des robots de service, comme ceux sur lesquels travaille Vanke, sont intégrés dans la vie quotidienne d’un nombre toujours croissant de personnes en Chine, malgré leur usage limité.

« La Chine a acquis des aptitudes de R&D couvrant toute la chaine industrielle des robots de service, a dit Xu Xiaolian, secrétaire général de l’Institut d’électronique de Chine. Les robots se développent rapidement du domaine industriel au service domestique, à la réhabilitation médicale, à l’éducation et aux loisirs. Et ils deviennent de plus en plus populaires. »

« Les robots destinés au ménage, à la cuisine, au soin des personnes âgées et au traitement médical ontconnu un rapide développement des ventes », a dit M. Xu, ajoutant qu’ils se développent aussi dans d’autres secteurs de la vie quotidienne.

Malgré les perspectives encourageantes, les gens du milieu croient que trois obstacles entravent le développement à long terme des robots de service en Chine : les coûts élevés de la recherche et de la production, un manque de technologies de base et le développement d’une marque.

« Nous avons quelques technologies de base, mais le coût de leur utilisation dans la production de masse est trop élevé ; et pour la production à bas coût, la technologie n’est pas suffisante », a dit Chen Xiaoping, professeur de robotique à l’Université des Sciences et des Technologies de Hefei, dans la province de l’Anhui. « Donc, c’est haute technologie ou bas coût. On ne peut avoir les deux. Il n’y a pas de grands noms dans l’industrie de robotique chinoise comparables à leurs pairs étrangers. »

Selon M. Chen, une solution pourrait être que le gouvernement aide au développement rapide de grandes marques qui deviennent compétitives avec leurs rivaux du monde.

Le temps d’agir est dans les trois à cinq prochaines années pour le développement avancé de robots de service multifonctionnels, plutôt que des modèles abordables, selon Li Ruifeng, directeur adjoint de l’Institut de recherche en robotique de l’Institut de technologie de Harbin dans la province du Heilongjiang.

M. Li pense que bien que le marché du robot de service soit encore très jeune, le marché mondial du secteur sera de 46,18 milliards de dollars en 2017, suivant la demande croissante. La stratégie nationale pour aller de l’avant consistera à développer des robots intelligents.

« En tant que nouvelle venue, la Chine doit accélérer son développement de robots de service, a dit M. Li, ajoutant que les investisseurs dans ce marché doivent avoir les technologies et les chaines industrielles prêtes pour l’investissement.

Remplacer le travail humain

Les investisseurs, même potentiels, voient dans l’industrie florissante une occasion, mais les travailleurs sont en train d’être remplacés.

Le secteur manufacturier du delta de la rivière des Perles, au Guangdong, connait le plus important influx de travailleurs migrants du pays. Mais à cause de la hausse des coûts du travail, un vaste remplacement du travail humain par des robots industriels a lieu dans le secteur de la fabrication, et les gouvernements locauxappuient le changement par des mesures préférentielles et des subventions.

Des chercheurs de l’Université de Tianjin testentdes robots multifonctionnels

Le Guangdong a commencé l’an dernier à encourager les entreprises à remplacer leur potentiel humain par des robots, espérant que près de 2 000 entreprises auront accompli ce changement en 2017. Le gouvernement provincial assignera 943 milliards de yuans (148 milliards de dollars) à l’amélioration des technologies industrielles d’ici 2018.

Les provinces côtières de Chine procèdent aussi rapidement au remplacement de leurs travailleurs par des robots. Hangzhou, capitale provinciale du Zhejiang, pousse ses entreprises au remplacement du travail manuel exténuant par de l’équipement intelligent. En 2013 et 2014, la ville a récompensé 76 compagnies –surtout en fabrication d’équipement, transformation alimentaire et emballage, habillement et textiles – pour leur accomplissement dans cette transformation.

« Remplacer le travail humain par des robots devient de plus en plus populaire dans les provinces des deltas du Changjiang et de la rivière des Perles, région où l’industrie manufacturière est plus développée », a dit Shi Jinhao, chercheur supérieur du Groupe de technologie électronique de Chine. « Les gouvernements locaux offrent des subventions pour que des robots soient employés sur les lignes de production des grandes entreprises comme des petites. Sans doute la tendance va-t-elle se poursuivre. »

Zuo Shiquan, directeur de l’Institut de recherche de l’industrie de fabrication d’équipement, relevant du ministère de l’Industrie et de l’Informatisation, pense que la hausse des coûts du travail est inévitable, car la Chine est en train de passer de pays à revenu moyen à pays de haut revenu. Mais ce n’est pas la seule raison de remplacer l’humain par le robot. Les robots sont capables de fabriquer des produits de plus haute qualité et avec plus de consistance », a dit M. Zuo.

Bien que la Chine utilise un grand nombre de robots chaque année, ce nombre est encore loin de celui des pays industrialisés. Selon la FIR, en Chine, on compte 30 robots utilisés par 10 000 travailleurs, beaucoup moins que la moyenne de 62. La République de Corée a la plus haute densité, soit 437 robots de production pour 10 000 ouvriers, quinze fois plus qu’en Chine.

M. Zuo dit que la transformation économique de la Chine coïncide avec l’expansion du marché de la robotique, et prédit que la Chine emploiera 494 300 robots en 2020, créant un marché de composants de robots de 300 milliards de yuans (46,95 milliards de dollars).

Des robots plus intelligents

La Chine doit développer son secteur et fabriquer des robots plus intelligents si elle veut révolutionner l’industrie.

« À l’heure actuelle, les robots ne sont pas assez intelligents. Un robot pour balayer le plancher a le même niveau d’intelligence qu’un insecte », a dit Ye Chen, PDG de DFRobot, fabricant de robots de Shanghai. « Dans la plupart des cas, les robots de service n’ont qu’une seule fonction. Pour résoudre le problème, il faut briser certains blocages technologiques.

Les experts disent que le problème est dû à contraintes dans le développement de l’IA en Chine.

« Actuellement, les robots ne sont que des machines automatiques. Ils n’ont pas vraiment d’intelligence », a dit Zhu Pinpin, co-fondateur de Xiaoi, une marque chinoise de robot.

M. Zhu admet que les développeurs chinois ont négligé la recherche sur l’intelligence de robot dans leur projet à long terme de robotique.

Le Pr. Zhao Jie, directeur de l’Institut de recherche en robotique de l’Institut de technologie de Harbin, pense comme Zhu Pinpin que la fonction des robots devrait être de faire le travail des ouvriers, comme la fabrication et la prise de décisions, afin d’aider les gens à réaliser leurs buts de vie et de production.

Liu Chenlin, chercheur supérieur à l’Institut d’automation de l’Académie des sciences de Chine, croit que le concept de robot va changer au fur et à mesure du développement de la technologie.

« La reconnaissance d’un modèle basé sur l’apprentissage profond et de grandes données est une direction importante. À l’avenir, l’intégration entre la reconnaissance d’un modèle et l’IA accomplira de multiples fonctions, comme la reconnaissance d’un contenu, l’apprentissage adapté, l’apprentissage multimodal, et la coopération multitâche », a dit Liu.

Les milieux universitaires et des affaires travaillent à hausser le niveau d’intelligence des robots, selon des présentations faites à la conférence nationale sur le développement de l’IA en juillet 2015. Le but est d’amener les robots du mouvement libre à l’écoute et à la parole libres, et, enfin, à la possibilité de comprendre et de penser.

« Notre but est de donner aux robots la possibilité de penser par eux-mêmes », a dit Hu Yu, vice-président de iFLYTEK, une entreprise de logiciels de Hefei.

Selon le Pr. Chen de l’Université des Sciences et des Technologies de Chine, le gouvernement joue un rôle important en accroissant l’investissement dans la R&D pour accroitre l’intelligence des robots.

« Les technologies comme l’internet « nuage » et de grandes données sont employées pour briser ce blocage », a-t-il dit. CA