APP下载

L’instruction obligatoire et le profit sont-ils compatibles ?

2016-02-11

中国与非洲(法文版) 2016年12期

L’instruction obligatoire et le profit sont-ils compatibles ?

Les établissements privés à but lucratif seront exclus de l’instruction obligatoire en Chine à partir du 1erseptembre 2017, en vertu de l’amendement à la Loi sur l’enseignement privé adopté lors de la 24esession du XIIeComité permanent de l’Assemblée populaire nationale de Chine en novembre.

En Chine, l’instruction obligatoire financée par le gouvernement garantit neuf années de gratuité du primaire au collège. Par ailleurs, il existe actuellement 160 000 écoles privées dans tout le pays parallèlement au public, selon le ministère chinois de l’Éducation.

Dans le cadre de la nouvelle loi, les écoles privées pourront encore fonctionner, mais les établissements à but lucratif ne seront plus autorisés à assurer l’instruction obligatoire. Pour ses partisans, la loi est un moyen effectif d’améliorer l’égalité dans l’éducation en réglementant le secteur de l’enseignement privé dont les frais de scolarité sont exorbitants. Beaucoup craignent cependant que cela n’entrave son développement en Chine.

POUR Xiong Bingqi

Universitaire spécialisé dans l’éducation

La plupart des écoles privées sont mues par ie profit, et donc la loi amendée va conduire au retrait substantiel de capitaux du secteur éducatif, estiment ses opposants.

Pourquoi cependant cela devrait-il se produire ? La loi vise à guider le développement des écoles privées pendant la période d’instruction obligatoire.

Dans tout pays, une nouvelle loi affecte toujours les intérêts de certains. Ainsi, nous devons évaluer la légitimité d’une loi sur la base du développement global du système éducatif du pays, public et privé. Si les écoles privées à but lucratif ferment et le gouvernement investit davantage de ressources pour encourager le développement du secteur privé à but non lucratif, l’instruction obligatoire dans son ensemble en bénéficiera.

Si certains prétendent faire confiance aux forces du marché plus qu’au gouvernement, ils doivent alors se demander : qui d’après vous finance 90 % de l’instruction obligatoire en Chine ? Les écoles privées fournissent actuellement des places à seulement 8 % des élèves chinois dans l’instruction obligatoire. CA

CONTRE Hong Qiaojun

Chaozhou Daily

Il faut comprendre que la plupart des écoles privées de Chine sont à but lucratif. Si ces

écoles privées impliquées dans l’instruction obligatoire doivent devenir à but non lucratif, combien pourront survivre ? Si les écoles publiques sont pleines, où les enfants iront-ils étudier ? Je pense que si les écoles privées ne peuvent faire des bénéfices, eiies devraient pouvoir bénéficier du soutien financier de i’État, comme ies écoles publiques. Maintenant que beaucoup d’argent a été investi, il est juste d’autoriser les écoles privées à gagner de l’argent du moment qu’elles

respectent la loi.à faible revenu qui ne peuvent payer une éducation onéreuse. En conséquence, davantage d’enfants quitteront l’école. CA Plus important, les écoles privées à but lucratif impliquées dans l’instruction obligatoire sont nécessaires car les enfants de travailleurs migrants sont exclus des écoles publiques. Sans ie soutien financier de i’État, les écoles privées n’auront d’autre choix que d’augmenter leurs frais de scolarité, ce qui aura un impact négatif sur les familles de travailleurs migrants

CONTRE Yang Ting

Parent

À but lucratif ou non, ce n’est pas la vraie question. La question, c’est que le gouvernement doit mettre

en place un système strict de permis pour les écoles privées et renforcer leur surveillance. S’il est nécessaire d’appliquer des restrictions sur leur nature à but lucratif, nous devons aussi rester ouverts aux différentes théories pédagogiques introduites par les écoles privées, notamment les écoles étrangères qui proposent une éducation qui s’avère excellentes aux élèves chinois. Dans ce cas, le gouvernement ne devrait pas interdire les écoles privées à but lucratif dans l’instruction obligatoire, mais laisser le choix aux parents et aux enfants. CA

POUR Wang Feng

Fonctionnaire au ministère de l’Éducation

S’il existe un marché pour l’instruction obligatoire en Chine, c’est sûrement un marché très faussé, car nos critères d’évaluation pour déterminer ce qui constitue une bonne éducation sont fortement orientés vers les examens. La croyance des parents selon laquelle l’« éducation peut changer la destinée » et la mentalité consistant à « faire aussi bien que le voisin » ont conduit à une concurrence déraisonnabie pour ies piaces d’écoie et des frais mirifiques pour aller dans les soi-disant meilleures écoles.

Dans un tei marché, ia recherche du profit va renforcer cette distorsion. Nous pouvons apprendre des mécanismes de marché, mais laisser l’instruction obligatoire entièrement à la merci des forces du marché va accroître les inégalités. À l’heure actuelle, les grandes sociétés, les fonds et les capitaux privés sont tous désireux d’investir dans le secteur éducatif, mais leur but est d’accumuier ou de transférer des actifs ou faire des bénéfices à court terme, et cela qui va à l’encontre des besoins de l’école et des enfants, à savoir la stabilité. CA

POUR Editorial

Jinan Daily

D’après la Constitution, l’instruction obligatoire doit être assurée gratuitement par l’État, la société et les familles de tous les enfants en âge scolaire. Si les établissements privés à but lucratif sont encouragés à participer à l’instruction obligatoire, il est très probable que l’administration publique à tous les niveaux sera tentée de se dérober à ses responsabilités dans ce domaine.

Les meilleurs enseignants quittent en nombre le public pour les établissements privés à but lucratif plus généreux. Dans certaines zones, les écoles privées riches et dotées de ressources importantes sont connues pour débaucher les meilleurs enseignants du public, ce qui a un impact négatif sur l’enseignement public.

De plus, de nombreux gouvernements locaux encouragent le développement de l’éducation privée pour alléger leur budget. Certains autorisent même les écoles privées à sélectionner les élèves en fonction de leurs résultats, alors que les écoles publiques ne peuvent qu’accepter les élèves de leur zone scolaire. En conséquence, seuls les élèves rejetés par les écoles privées vont à l’école publique, et cette tendance se généralise.

Les écoles privées à but lucratif ne doivent pas assurer l’instruction obligatoire et toutes les écoles privées doivent être à but non iucratif et bénéficier du même soutien de la part du gouvernement. CA

CONTRE Long Shu

Commentateur

Certains estiment que cette loi amendée va renforcer l’égalité dans l’éducation. Mais il faut savoir que ceia signifie essentiellement l’égalité des chances dans l’éducation pour que les enfants dont les parents ont des moyens limités puissent recevoir une éducation de base. Il est bon de répondre à l’allocation injuste des ressources entre les systèmes d’enseignement du privé et du pubiic, mais ceia ne signifie pas que nous devrions opter pour une solution unique pour tout le monde qui limite l’accès à une éducation meilleure.

Je pense que les entrepreneurs du secteur privé en Chine sont attentionnés et socialement responsables. Cependant, une fois que les établissements privés seront devenus des organisations caritatives, elles seront confrontées inévitablement aux probièmes financiers. Les écoies publiques sont tributaires des fonds de l’État, mais comment les écoles privées pourront-elles survivre ?

Il est raisonnable, mais aussi nécessaire que les écoles privées gagnent de l’argent, car c’est le seul moyen de perdurer véritablement. Si une école privée peut faire face à la concurrence et réaiiser des bénéfices importants, elle aura les moyens financiers de se déveiopper et de fournir une éducation de meilleure qualité. CA