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Un nouvel essai

2015-11-09GeLijun

中国与非洲(法文版) 2015年9期

Un nouvel essai

Des grands maîtres du patrimoine culturel national choisissent de s'installer dans le Parc d'exposition du patrimoine culturel immatériel à Beijing par Ge Lijun

AUX yeux des visiteurs s'offre une peinture traditionnelle chinoise, montrant des pivoines rouges et leurs feuilles s'épanouissant ; à côté, un tableau occidental, le portrait de Mona Lisa, avec son sourire paisible et mystérieux. Plus loin, un cheval blanc qui court dans le vent…Mais regardons de plus près : ces dessins ne sont pas peints sur le papier ou la toile, mais brodés sur le tissu avec des fils de soie de toutes les couleurs !

Ces œuvres splendides ont été créées par la main adroite de Madame Yao Huifen, grand maître de la broderie de Suzhou. La broderie de Suzhou, qui fait partie du patrimoine culturel immatériel de la Chine, est l'un des quatre types de broderie traditionnelle les plus célèbres en Chine. Elle est particulièrement répandue aux environs de la ville de Suzhou, à l'est de la Chine, d'où son nom. Yao Huifen, née dans une famille de brodeurs,a commencé à broder très jeune en suivant un grand maître local. Elle maîtrise non seulement toutes les techniques de la broderie, mais perçoit également la véritable signification de cet art. Au cours de plus de trente années de broderie, elle a créé beaucoup de chefs-d'œuvre qui sont collectionnés dans des musées chinois ou étrangers.

Une succession difficile

Mais comment protéger cet art, mélange de créativité et de technique ? Comment le transmettre aux générations futures, afin que nos descendants aient également la chance d'admirer ce grand art ? Et comment faire pour que les étrangers du monde entier puissent apprécier le charme du patrimoine culturel immatériel de la Chine ?

« Apprendre la broderie demande de la patience et une grande capacité de réflexion », affirme Madame Yao. Huit à dix ans d'exercice sont nécessaires afin de maîtriser les techniques, puis on peut commencer à créer ses propres œuvres. Mais cela ne suffit pas : pour créer une œuvre, il est nécessaire de mener une réflexion sur cet art, par exemple sur la manière de choisir et de coordonner la couleur des fils. C'est un art qui exige du temps et des efforts à la fois manuels et cérébraux.

Pour cette raison, « il existe un déséquilibre d'âge chez les brodeuses. On compte très peu de jeunes, la plupart ont entre 35 et 55 ans », dit-elle. Actuellement,les jeunes filles choisissent plutôt d'aller à l'université. Même si elles continuent à broder, elles abandonnent cet art une fois mariées et vont trouver un travail en ville. « Les jeunes de notre époque peuvent s'asseoir devant l'ordinateur toute la journée, mais broder chez eux durant quelques heures, pas question. C'est un problème commun à tous les travaux manuels », affirme-t-elle.

La protection du patrimoine culturel immatériel doit adhérer à une certaine règle, à savoir une combinaison de

perpétuation et d'innovation.

Wang Wenzhang, Directeur du Centre de la protection du patrimoine culturel immatériel de la Chine

Une nouvelle opportunité

Perpétuer une technique artistique nécessite tout d'abord d'avoir des apprentis. C'est un sujet d'inquiétude pour Madame Yao. « Heureusement, cela devrait changer. J'ai choisi d'aller m'installer dans un parc du patrimoine culturel immatériel pour ouvrir une boutique à Beijing,loin de Suzhou. Je vais exposer mes œuvres et offrir des formations en broderie pour en faire profiter plus de gens », souhaite-t-elle.

Le parc dont parle Madame Yao s'appelle le Parc d'exposition du patrimoine culturel immatériel national, une idée conçue à l'occasion du 70eanniversaire de l'UNESCO et soutenue par les organisations de la protection du patrimoine culturel immatériel de la Chine. ll se trouve dans le quartier de Qianmen à Beijing, au sud de la place Tian'an men, avec une superficie de 400 000 mètres carrés.

Selon Ma Wenhui, vice-président et secrétaire général de l'Association du patrimoine culturel immatériel de la Chine, jusqu'à présent, plus de 40 projets du patrimoine ont signé un contrat pour s'installer dans le parc. En octobre de cette année, la première phase du parc, soit 200 000 mètres carrés, sera ouverte aux touristes, tandis que le reste du parc sera fini à la fin de l'année prochaine et comprendra au total plus de 200 projets de patrimoine culturel.

« J'espère que plus d'étudiants pourront visiter ce parc », dit Madame Yao. D'après elle, les étudiants sont capables de comprendre et recevoir cet art plus rapidement. Parmi des milliers d'apprentis, elle espère dénicherquelques vrais talents, qui donneraient une nouvelle vitalité à la broderie de Suzhou. De plus, à l'aide de ce parc,plus de gens auront l'occasion de connaître la broderie et de tomber amoureux de cet art, ce qui contribuera à le rendre populaire.

Yao Huifen en train de broder

Une pivoire réalisée en broderie

Selon la présentation, le parc a plusieurs fonctions :échange, exposition, spectacle, gastronomie, apprentissage, commerce, expérimentation, innovation, etc. Aux yeux de Madame Yao, il permettra de fournir une nouvelle plate-forme pour cet art à Beijing, de manière à créer une base hors de la ville de Suzhou, attirant les regards des quatre coins de la Chine et du monde.

Un bon espoir

Néanmoins, Madame Yao n'est pas sans inquiétude quant à ce parc. Plusieurs autres parcs locaux de ce genre l'avaient déjà sollicitée, mais elle avait toujours refusé en raison de la trop grande commercialisation et de la non durabilité de ces sites. « Le parc de Qianmen doit choisir sur le volet des projets d'art haut de gamme, qui sont soutenus par une politique durable de la part de l'exploitant. La protection du patrimoine culturel immatériel ne pourra pas se faire du jour au lendemain, ni se maintenir seulement grâce à quelques personnes, elle a besoin d'une politique scientifique et durable », affirme-t-elle.

Les 27 et 28 juillet, Madame Yao a participé à un séminaire à Qianmen sur le patrimoine culturel immatériel,lors duquel Wang Wenzhang, directeur du Centre de la protection du patrimoine culturel immatériel de la Chine,a souligné que « la protection du patrimoine culturel immatériel doit adhérer à une certaine règle, à savoir une combinaison de perpétuation et d'innovation ». D'après lui, il faut d'une part perpétuer les techniques traditionnelles, et d'autre part établir un style personnel et une marque individuelle en suivant la tendance de l'époque. « L'innovation doit être basée sur les techniques fondamentales, sinon, elle n'est pas possible », ajoute Madame Yao.

En ce qui concerne l'innovation, ce qui est sûr, c'est qu'un modèle O2O sera utilisé pour dynamiser le commerce, permettant une meilleure circulation des objets d'art. « Transposer un art immatériel en objets d'art matériels est essentiel pour la protection et la perpétuation du patrimoine culturel », a affirmé Daneil Finda,président de la Fédération angolaise des Associations et Clubs UNESCO et professeur de l'lnstitut supérieur des Sciences et de l'Education (lSCE) en Angola, à CHINAFRIQUE.

Bref, avec ce parc, « c'est un nouvel essai » qui est réalisé, conclut le grand maître de la broderie de Suzhou. CA