APP下载

Une Afrique connectée

2015-11-09Leplanambitieuxdeconnexiondesseauxnergtiquesafricainsici2020estilviableparAglahTambo

中国与非洲(法文版) 2015年5期

Le plan ambitieux de connexion des réseaux énergétiques africains d'ici 2020 est-il viable ? par Aglah Tambo

Une Afrique connectée

Le plan ambitieux de connexion des réseaux énergétiques africains d'ici 2020 est-il viable ? par Aglah Tambo

lL existe un lien direct entre croissance

économique et fourniture d'énergie, disent les économistes. En Afrique, où seuls deux ménages sur dix ont accès à l'électricité, le problème de la pénurie d'énergie est une réalité historique.

Un récent bulletin de la Banque Mondiale sur l'énergie a rapporté que le secteur de l'énergie sur le continent était sous-développé en termes de production, d'accès et d'installations. Cette situation handicape la croissance économique et nuit à l'attractivité du continent.

Dans une analyse publiée en février, des spécialistes énergie de l'entreprise de conseil McKinsey & Company ont prévu que l'Afrique sub-saharienne consommerait environ 1 600 terawatt-heures d'électricité d'ici 2040,soit 4 fois le niveau de consommation de 2010 et 6 fois la consommation actuelle par personne.

Cette analyse se basait sur plusieurs projections, parmi lesquelles la multiplication par cinq du PlB, le doublement de la population, ainsi que l'urbanisation grandissante.

Des réseaux connectés

Non pas que l'Afrique soit pauvre en ressources. En Afrique sub-saharienne, le Kenya et l'Ethiopie pourraient produire 80 % des 15 gigawatts d'énergie géothermale de la région.

Selon un rapport de l'ONU sur l'énergie, l'Afrique a un potentiel de 400 gigawatts d'électricité au gaz (dont le Mozambique, le Nigéria et la Tanzanie pourraient produire 60 %), 350 gigawatts d'énergie hydraulique (dont la République démocratique du Congo pourrait produire 50 %),300 gigawatts d'électricité au charbon (dont le Botswana,le Mozambique et l'Afrique du Sud pourraient produire 95 %) et 109 gigawatts d'électricité éolienne.

Que fait l'Afrique pour réaliser ce potentiel ? En mars,des officiels de gouvernements africains et des experts sur l'énergie se sont rencontrés à Nairobi et ont élaboré le projet ambitieux de connexion des réseaux énergétiques des pays africains d'ici 2020.

Selon Mosad Elmissiry, directeur des programmes énergétiques dans le projet de développement économique de l'Union Africaine, New Partnership for Africa's Development (NEPAD), quatre corridors régionaux constitueront les premiers pans de ce réseau pan-africain.

« Cela créera un marché d'énergie sur tout le continent, qui permettra aux pays ayant un surplus d'énergie de le vendre à ceux qui en manquent », a expliqué Elmissiry à l'agence Xinhua.

L'lnitiative Energie Durable pour Tous en Afrique,aussi connue sous le nom de SE4ALL, est une initiative mondiale lancée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon et visant à assurer l'accès universel aux sources modernes d'énergie comme l'électricité, doublant le taux d'efficacité de l'énergie et augmentant la quantité d'énergie renouvelable dans le monde entier.

L'ambition de SE4ALL est identique à celle du programme NEPAD, qui développe des structures permettant d'intégrer le continent africain, dont le commerce intérieur équivaut à seulement 13 % du commerce total.

Cela permettra de connecter des régions qui ont du surplus d'énergie avec d'autres régions dont la demande excède la production.

Amar Breckenridge, Chercheur à Frontier Economics

Un plan ambitieux

ll s'agit d'une vision ambitieuse, que le NEPAD souhaite voir aboutir d'ici 2020. Pour commencer, quatre réseaux énergétiques (Nord-Sud, Ouest, Centre et Nord) seront reliés. D'ici 2020, l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Kenya, la Tanzanie, l'Ethiopie, le Zimbabwe et le Soudan pourront être reliés à des réseaux d'électricité produits par différents pays de la région.

Si le plan réussit, les économistes affirment que la production d'électricité du continent, actuellement de 120 000 MW, pourrait être pleinement utilisée.

Mais ce n'est pas suffisant. Dans la région sub-saharienne, seuls le Cameroun, la Côte d'lvoire, le Gabon, le Ghana, la Namibie, le Sénégal et l'Afrique du Sud ont plus de 50 % de leur population qui ont accès à l'électricité. Dans les autres pays, la moyenne est seulement de 20 %,selon la Banque Mondiale. En Afrique, seules l'Afrique du sud et l'Egypte ont une consommation d'énergie supérieure à 150 kilowatt-heures par personne.

Cela fait de l'Afrique sub-saharienne la région ayant le moins d'accès à l'électricité au monde. Avec seulement 13 % de la population mondiale, la région représente 48 % de la population mondiale n'ayant pas accès à l'électricité. Autrement dit, l'Afrique compte au moins 600 millions de personnes sans accès à l'électricité. Avec une telle demande, les analystes de Mckinsey ont projeté qu'il faudrait 25 ans aux pays africains pour passer d'un taux d'accès à l'électricité de 20 % à un taux de 80 %.

L'intégration des réseaux d'énergie est la meilleure solution pour y parvenir. « La connexion des réseaux énergétiques peut être économiquement viable en Afrique si elle est réalisée correctement, affirme Zemedeneh Negatu, partenaire et directeur des services de conseil aux transactions chez Ernst &Young en Ethiopie.

Negatu donne l'exemple du Barrage de la Grande Renaissance (BGR) que l'Ethiopie construit sur le Nil. Avec un coût estimé à 5 milliards de dollars, le BGR pourrait être le plus grand projet d'énergie hydraulique en Afrique. ll aura une capacité de 6 000 MW, qui pourra être partagée dans la région.

« Comme l'Ethiopie peut produire l'énergie en grand volume, à moindre coût et plus efficacement que dans d'autres projets, les consommateurs de toute la région pourront bénéficier d'un coût relativement plus bas que si chaque pays devait construire sa propre centrale d'énergie », explique Negatu.

Projet hydrauliQue polyvalent de Merowe dans le nord du Soudan

De nombreux bénéfices

Les experts en énergie affirment que l'intégration régionale, les réserves d'énergie et la promotion de l'énergie renouvelable pourront être des moyens efficaces de surmonter le défi énergétique. La Banque Mondiale estime que l'intégration pourrait à elle seule permettre à l'Afrique d'économiser plus de 40 milliards de dollars, qui à leur tour feraient économiser 10 milliards de dollars par an aux consommateurs d'ici 2040.

« Le vaste potentiel inexploité du Nil représente une opportunité pour le commerce et le développement durable de la région, et peut promouvoir la coopération régionale entre les pays riverains », affirme John Nyaoro,directeur exécutif de l'lnitiative pour le Bassin du Nil, un partenariat destiné à promouvoir la coopération entre les pays riverains du Nil.

Cependant, ce projet n'est pas sans difficulté. Tous les experts ont en effet prévenu qu'il serait très coûteux et dépendrait de la capacité des pays à exploiter l'énergie.

De nouveaux défis

Negatu a également souligné que le projet nécessiterait une volonté politique, un environnement commercial amélioré ainsi que des lois sur l'échange d'énergie entre les pays. Le coût pour le consommateur est un autre facteur important à prendre en compte.

« Les connexions seront viables, mais très chères,étant donné le terrain et les niveaux actuels de production et de consommation d'énergie. Mais ces connexions seront un élément essentiel du ‘grand bond en avant' de l'économie africaine dans les années à venir », affirme Cliff Otega, directeur général et chef du secteur de l'énergie et des ressources naturelles à Standard and Mutual, une compagnie de conseil au Kenya.

Cependant, « des lignes d'énergie longue-distance reliant des réseaux existants ne permettront pas de réduire le fossé entre ceux qui ont accès à l'énergie et ceux qui ne l'ont pas », ajoute Lori Pottinger, directrice de la communication à lnternational Rivers, une ONG qui encourage des sources alternatives d'énergie renouvelable pour protéger les rivières.

« En effet, la plupart des personnes vivent loin des réseaux existants et ne peuvent pas payer les prix des réseaux nationaux. Pour résoudre ce problème, il faudra développer des mini-réseaux locaux, alimentés par des centrales solaires ou hydrauliques à très petite échelle »,conclut-elle. CA

(Reportage du Kenya)